samedi 20 avril 2024

Jardin avec vue sur mer

 




Dans le jardin avec vue sur mer,

Sur le chemin de Saint-Clair,

Le printemps est un feu d'art,

Sans artifices et sans fard...






Pourtant au bout du chemin,

Le ravissement prend fin,

Défiguré par les incivilités,

Comme une insulte à sa beauté.




La nature, même domestiquée,

Est un miracle qui nous fait rêver,

Alors pourquoi la défigurer ?




On peut bien haïr notre société,

Ou en vouloir au monde entier,

Mais la nature, mérite le Respect.




Alors je dis à tous ces sauvages,

Dépenser autrement votre rage.

De votre futur, vous préparez le paysage,

Un jour, vous comprendrez la parole des sages...
















Texte et photos : Christian Bailly
Tous droits réservés
14 avril 2024 

(Sète)

mardi 9 avril 2024

Le Marin

 


Dans les brumes conquérantes du Marin

Le temps, pour un moment, furtivement, s'efface,

Le jour intimidé, dans ses vapeurs, s'évanouit.

Derrière le voile, l'horizon se serait-il éclipsé ?



La ville empotée, enveloppée de torpeur, s’isole,

Emmitouflée dans ce lourd manteau aqueux.

Contre ce mur, nos regards, égarés, butent,

Cherchent obstinément à percer son mystère.


Du néant, des silhouettes mouvantes surgissent,

Venues d'un autre monde, cerné d'inexistentiel,

Qui se dérobe à notre imagination pragmatique,

Pour nous contraindre d’accepter l’impondérable





L'onde tumultueuse, venue de nulle part, se fracasse

Contre la réalité immuable du Môle Saint-Louis,

Où le phare, les pieds dans une flaque d’eau oubliée,

Comme tétanisé, attend d'y voir plus clair.




Au-delà de la forêt de mâts des dériveurs endormis,

Saint-Clair n'est plus que le fruit de notre imagination.

Pourtant, les bruits feutrés de la ville nous arrivent,

Pour nous dire la laborieuse existence des hommes.



Après maintes tentatives, Apollon, enfin, s'affirme,

Perce le secret des brumes obstinées du Marin

De son ardeur hivernale, mais toute souveraine.

Comme par enchantement, la brume s'efface.


À contre-cœur, elle capitule, abandonne la place

Comme désintégrée par l'astre téméraire.

Alors comme par enchantement, tout s'illumine,

Se révèle à nous dans la clarté de l'après-midi.


Elle nous avait été enlevée sans crier gare.

La ville, enfin démasquée, sort de sa torpeur,

Avec enthousiasme, elle reprend des couleurs,

Sous un ciel insolent, immodérément bleu…









Le marin est un vent de sud-est soufflant de la Méditerranée vers le Languedoc, la Montagne Noire et les Cévennes.

Il est généralement modéré et régulier, mais il peut être parfois violent et turbulent sur le relief, très humide, doux et amène le plus souvent des précipitations abondantes.

Il est plus fréquent au printemps et en automne, lorsque les dépressions s’enfoncent en Méditerranée : c’est le vent des situations perturbées et pluvieuses.

Il se charge d’humidité lors de son parcours maritime. Il va ensuite la restituer sous forme de grisaille (nuages bas, brumes, brouillards) et de pluies, sur les hauteurs qui bordent la mer : les versants sud-est de la Montagne Noire, les Corbières, les contreforts des Cévennes et les premières hauteurs provençales.

Sources: http://tempetes.meteo.fr/Les-vents-regionaux-mediterraneens.html

Texte et photos : Christian Bailly

Tous droits réservés 

26/03/2024

mardi 26 mars 2024

Le Banc

 


Christian Bailly -  Un banc face à l'île Madame, à Port des Barques
Charente-Maritime.





Sur la colline, face à l'océan,

Seul, un banc vide contemplait le néant,

Il attendait qu'un passant

Veuille bien s'asseoir un moment.



Avec la vie, il n’était pas très exigeant,

Il s’en contentait, bon an mal an,

En espérant un jour voir deux amants

Se bécoter, assis sur leur séant.



Ce qui finit par arriver un jour de l’an,

Il faisait très très froid pourtant.

Qu’ils étaient beaux et attendrissants !

Il vécut un moment émouvant.



En vérité, ce fut le jour le plus marquant

De sa pauvre vie de banc…

Puis les années ont passé, lentement,

Il était devenu indifférent.



C’est vrai, depuis très très longtemps,

Il ne comptait plus le temps.

Il avait même oublié depuis quand

Il était là, à contempler le néant.



Il regardait longuement les goélands

Jouer avec les éléments,

Pendant que se déchaînait le vent.

Et lui, il était là, à attendre patiemment.



Un jour, il vit arriver, d'un pas pesant,

Un des amants, il avait les cheveux blancs,

Et les rides profondes du temps.

Doucement, il vint s'asseoir sur son séant.



Tous les jours, ce fût son passe-temps,

Sur la colline venteuse, face à l'océan,

Esseulé et affligé, il contemplait l'océan,

Désireux de rejoindre enfin le néant.



Là où l'attendait son grand amour d'antan,

Emporté par le mauvais vent.

En fait, il tenait compagnie au vieux banc.

Il lui raconta son amour passionnant.




Ainsi, tous les jours, par tous les temps,

Le vieux banc attendait patiemment.

Un jour, son ami ne vint pas, pourtant,

Pour lui, l’heure était venue du néant.



Pendant encore longtemps, longtemps

Le banc continua à contempler l’océan,

Impassible, il attendait qu'un passant

Veuille bien s'asseoir un moment…


Christian Bailly

Tous droits réservés

26/03/2024

mardi 12 mars 2024

Ballet

Stéphane Haffner et Kyle Kier-Haffner, son mari



Peau contre peau…

Ma bouche effleure ta bouche…

Mon corps effleure ton corps…



Je te respire et je m’enivre,

Tu fleures tellement bon le mâle,

Mon cœur amoureux s’emballe.



Sur la soie de ta peau dorée,

Je glisse, je glisse inexorablement,

Vers l’épicentre de tes désirs.



Là, de la communion de nos corps,

Germeront les promesses

D’un amour véritable, indéfectible.



Pour ne faire qu’une seule âme,

Tout de moi veut se fondre en toi.

Ma chair fiévreuse est aux abois.



Tu es mon éternel printemps,

De tes effluves virils, tu me grises,

De toi, je me came, je lâche prise.



Dans un élégant corps à corps,

Nos corps dansent en accord

Le ballet mythique de la petite mort.


Christian Bailly
Tous droits réservés 
12/03/2024

jeudi 7 mars 2024

Pour toi



Pour toi, je gravirais monts et montagnes

Rien que pour voir ton mas de Cocagne.

Je courais comme un fou à travers la campagne

Pour venir boire ton plaisir dans une coupe de Champagne...


“Ajax of Oileus Shipwrecked", 19th century, by Francesco Hayez

Christian Bailly
Tous droits réservés 
06/03/2024

jeudi 22 février 2024

Venise



Venise… Tu agonises...



Soumise au supplice du monde moderne,

Même si, devant toi, tous se prosternent.

Derrière la magnificence des façades en souffrance,

Ton faste, décrépit par le temps, redoute l'échéance




Des mastodontes des mers, irrespectueux,

Te menacent chaque jour que Dieu veut.

Une multitude frivole et avide vient assister à ton agonie,

Ton peuple désabusé, peu à peu, te quitte ou se languit.





Sur tes murs rongés, je lis ta mélancolie,

La fin d'un monde qui au désastre présent se plie.

Où sont donc passés tous tes fastes glorieux d'antan

Tes fêtes réputées, tes bacchanales et tes rires insouciants ?




Derrière les masques, la liberté d’être,

Pour transgresser, sans se faire connaître.

Je crois entendre tes rires, tes cris de derrière les fresques,

Les soupirs, les gémissements de tes frivolités carnavalesques.










Aujourd'hui, des arlequins de pacotille,

Prennent la pose pour des broutilles,

Les gondoles gracieuses nous font croire à la bonne aubaine,

Mais se vendent hors de prix comme des demi-mondaines.






Tu entends des amoureux, les serments,

Bercés par des barcarolles à trois temps.

Les gondoliers sur les canaux devenus de vrais boulevards,

Se faufilent entre les vaporettos bondés et agités, avec art.



Devant un spritz ensoleillé, je t’admire,

Par ton atmosphère, je me laisse envahir.

Je m'émerveille de tes églises et de tes palais opulents

Et j'oublie de l'aqua-alta, les sombres avertissements.





J'erre sur tes ponts et dans tes ruelles,

À la recherche du passé et de ses rituels.

De te découvrir sous toutes tes facettes, je suis enchanté

Cependant, j’avoue être affligé de mon voyeurisme éhonté.





Pourtant...

Pourtant, il fallait que je te vois

Que je t'admire au moins une fois

Je me demande qui aura un jour pitié de toi...


























Texte et photos Christian Bailly
Tous droits réservés
22/03/2024