Venise… Tu agonises...
Soumise au supplice du monde moderne,
Même si, devant toi, tous se prosternent.
Derrière la magnificence des façades en souffrance,
Ton faste, décrépit par le temps, redoute l'échéance
Des mastodontes des mers, irrespectueux,
Te menacent chaque jour que Dieu veut.
Une multitude frivole et avide vient assister à ton agonie,
Ton peuple désabusé, peu à peu, te quitte ou se languit.
Sur tes murs rongés, je lis ta mélancolie,
La fin d'un monde qui au désastre présent se plie.
Où sont donc passés tous tes fastes glorieux d'antan
Tes fêtes réputées, tes bacchanales et tes rires insouciants ?
Derrière les masques, la liberté d’être,
Pour transgresser, sans se faire connaître.
Je crois entendre tes rires, tes cris de derrière les fresques,
Les soupirs, les gémissements de tes frivolités carnavalesques.
Aujourd'hui, des arlequins de pacotille,
Prennent la pose pour des broutilles,
Les gondoles gracieuses nous font croire à la bonne aubaine,
Mais se vendent hors de prix comme des demi-mondaines.
Tu entends des amoureux, les serments,
Bercés par des barcarolles à trois temps.
Les gondoliers sur les canaux devenus de vrais boulevards,
Se faufilent entre les vaporettos bondés et agités, avec art.
Devant un spritz ensoleillé, je t’admire,
Par ton atmosphère, je me laisse envahir.
Je m'émerveille de tes églises et de tes palais opulents
Et j'oublie de l'aqua-alta, les sombres avertissements.
J'erre sur tes ponts et dans tes ruelles,
À la recherche du passé et de ses rituels.
De te découvrir sous toutes tes facettes, je suis enchanté
Cependant, j’avoue être affligé de mon voyeurisme éhonté.
Pourtant...
Pourtant, il fallait que je te vois
Que je t'admire au moins une fois
Je me demande qui aura un jour pitié de toi...
Texte et photos Christian Bailly
Tous droits réservés
22/03/2024